C’est dans la soirée de jeudi 22 novembre que le militant du mouvement CNPA-MN et ancien président de la municipalité d’Amatán, Carlos Mayorga Guerrero, a été retrouvé à son domicile, ligoté, bâillonné, torturé et poignardé.

Ce fait a été révélé lorsque son petit-fils est allé le chercher vers 22 heures jeudi soir et l’a trouvé sans vie à l’intérieur de sa maison. L’enfant a demandé de l’aide, mais le médecin de la communauté n’a pu que constater le décès.

La CNPA-MN  (Coordinadora Nacional Plan de Ayala – Movimiento Nacional) n’a eu de cesse de rappeler que “les groupes armés ont renforcé leur présence dans la municipalité, devenant de plus en plus menaçants, notamment envers les membres du mouvement CNPA-MN”. Ceci s’ajoute au rejet d’un nouveau président municipal qui leur a été imposé, Manuel de Jesús Carpio Mayorga, du parti Morena, actuellement au pouvoir.

Rutilio Escandón Cadenas, gouverneur élu de l’Etat du Chiapas, accompagné notamment par Manuel de Jesús Carpio Mayorga.

Selon le media en ligne Chiapas Paralelo, c’est à quelques jours seulement de l’élection d’un conseil populaire de gouvernement légitime – le 30 novembre – que le groupe paramilitaire “protégé par  Morena”, le parti politique du président mexicain élu, avait accru et diversifié le harcèlement des membres de la CNPA-MN.

Le mouvement déclare que la population est “révoltée par ce meurtre lâche, mais nous savons également que le gouvernement a cherché par tous les moyens à provoquer par le biais de son groupe paramilitaire à justifier le recours à la force publique pour expulser le mouvement par la répression, pour laquelle nous sommes certains que ce vil acte de lâcheté doit justifier l’entrée des forces étatiques et fédérales dans le but d’annihiler le mouvement.” Et encore: “Nous condamnons le meurtre de notre camarade et demandons au gouvernement de l’Etat du Chiapas de faire cesser les agressions de ses paramilitaires contre les sympathisants, les militants et les dirigeants du mouvement”.

Ils ont également exigé l’intervention du gouvernement fédéral mexicain, tout en demandant “de ne pas soutenir la position du gouvernement de l’État du Chiapas qui pourrait utiliser la force publique contre le mouvement à Amatán, car cela ne ferait qu’aggraver le conflit social et politique, dans la mesure où il a la responsabilité de créer des conditions de gouvernance démocratique en proposant un dialogue sérieux, réel et responsable, ce que n’a jamais fait le gouvernement du Chiapas, faisant de lui le responsable direct de l’aggravation du conflit.”

La CNPA-MN souhaite que “les organisations sociales et les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme aient un oeil sur ce qui se passe à Amatán”.

Le 10 novembre dernier, Amnesty International a adressé une lettre au gouverneur par intérim de l’Etat mexicain du Chiapas, Manuel Velasco Coello, demandant que des mesures efficaces soient prises pour la protection de la vie et de l’intégrité des membres du Mouvement paysan indépendant, une organisation faisant partie du CNPA-MN.

Toujours selon Chiapas Paralelo, “le groupe paramilitaire a menacé de bloquer des sections de routes ce 30 novembre” afin d’empêcher les gens de sortir de leurs villages pour pouvoir élire le Conseil de gouvernement légitime.

Nos reporters sur place vous tiendront informés de l’évolution de la situation.

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