La caravane de migrants originaires du Honduras qui souhaitent atteindre les Etats-Unis a passé la frontière entre le Guatemala et le Mexique le 23 octobre dernier. Une partie de celle-ci est arrivée à Puebla, Mexique, ce 4 novembre. Ils sont reçus dans différents centres d’accueil, notamment l’église de l’Assomption qui accueille 510 personnes. 

Puebla, Mexique. La pluie vient de cesser. L’église pleine à craquer. De toute part, des femmes, des enfants et des hommes dorment ou se reposent. Ils repartiront demain à 5h du matin en direction de la ville de Mexico. 1500 autres membres de la caravane les remplaceront demain et seront dispersés dans cinq auberges”, déclare Gustavo Rodríguez Zarate, le curé de la paroisse.

La croix rouge mexicaine a mis à disposition cinq unités de soin préhospitaliers pour les recevoir, la majorité des migrants étant malades, essentiellement dû à l’infection des voies respiratoires, lors de leur arrivée. Ils viennent de régions chaudes, transpirants de leurs efforts, et arrivent dans ces contrées mexicaines aux nuits froides les vêtements mouillés. Sans compter les difficultés du voyage, à pied ou accrochés à des camions de transport, avalant la poussière, voyant leurs ampoules d’infecter, ne pouvant se changer régulièrement.

La police municipale de Puebla emmène des familles vers le centre d’accueil de Xonaca. Photo Sofía Dominguez

Dans l’église de l’Assomption, un espace sécurisé leur est offert pour reprendre leurs forces: nombreux bénévoles, “qui ont tous une formation professionnelle pour s’occuper de personnes vulnérables”, souligne le curé, et des associations reçoivent les dons, préparent et servent les repas, gèrent les espaces pour dormir. Pour se changer les idées, des jeux et des films sont à leur disposition. “Nous avons essentiellement besoin de produits ménager, de vêtements chaud et de couvertures. 75% de la caravane est composée de femmes et d’enfants”, explique le curé.

De nombreuses institutions viennent également en aide à la caravane à tous les niveaux, fédéral, régional et municipal: de nombreux groupes universitaires: la BUAP, UPAEP, UDLA, Madero, mais aussi les paroisses, groupes et collectifs citoyens.

La paroisse, en lien avec les autorités locales tiennent à jour un registre du nombre de migrants et de leurs déplacements, et tentent de savoir s’ils dorment dans l’une des auberges, au bord de la route ou, s’ils sont montés dans un camion pour continuer leur route. Il faut dire que deux camions transportant essentiellement des femmes et des enfants ont disparu dans un quartier de Puebla. Des témoins auraient vu des hommes armés en prendre le contrôle. Les narcotrafiquants, notamment, enlèvent régulièrement des migrants perdus afin de les utiliser comme esclaves ou pour la prostitution.

Photo Sofía Dominguez

Face aux difficulté, aux dangers et à l’incertitude de pouvoir entrer dans le pays de Donald Trump, certains migrants préfèrent s’arrêter au Mexique, ou tenter de retourner en Amérique centrale.

Repos. Photo Sofía Dominguez

Le curé de la paroisse conclut: “il faut respecter les migrants et ne pas se laisser manipuler. Par les médias de boulevard ou la propagande politique de droite, à l’image de Donald Trump qui annonce l’envoi de 800 militaires “pour sécuriser la frontière” des Etats-Unis face à ce qu’il considère à tort comme une “invasion” de “délinquants”. Il faut signaler que samedi passé le célèbre intellectuel étasunien Noam Chomsky a rappelé lors d’un entretien à Democracy Now que ces migrants centro-américains fuient l’extrême violence et la misère “dont Washington est responsable”. En effet, la région est dominé par les Etats-Unis depuis de longues années et en particulier depuis les années 1980 quand les guerres de Ronald Reagan ont dévasté tout d’abord le Salvador et le Guatemala, puis le Honduras. Ce dernier pays, dont viennent pour la majorité ces migrants, a subi un coup d’état militaire en 2009, “condamné par tout le continent avec une exception notable, celle des Etats-Unis”.

Le curé Gustavo Rodríguez Zarate de la paroisse de l’Assomption à Puebla, Mexique.